Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est la maladie endocrinienne la plus répandue chez les femmes en âge d’enfanter. C’est un trouble endocrinien généralement associé à de multiples kystes dans les ovaires et à une production d’androgènes (hyperandrogénie) supérieure à la norme, qui en est la principale caractéristique. Le SOPK induit un hirsutisme, une acné, une irrégularité menstruelle, une stérilité et souvent une résistance à l’insuline.
Des études réalisées sur des cellules interstitielles ovariennes isolées suggèrent que le resvératrol micronisé (sous forme de poudre très fine) peut contribuer à corriger les déséquilibres hormonaux chez les femmes atteintes du SOPK et réduire la production d’androgènes.
Essai clinique du resvératrol micronisé sur le SOPK
Description générale de l’étude
Une étude parue dans « The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism » visait à évaluer les effets endocriniens et métaboliques du resvératrol sur le SOPK [1]. Il s’agissait d’un essai randomisé en double aveugle, contrôlé par placebo, qui évaluait les effets du resvératrol sur une période de 3 mois.
Tous les sujets ont été recrutés à l’Université des sciences médicales de Poznan entre décembre 2013 et mars 2015. Trente-quatre sujets ont été inscrits et 30 sujets ont terminé l’essai. Les sujets atteints du SOPK ont été définis par le consensus de Rotterdam et présentaient au moins deux des caractéristiques suivantes : 1) une hyperandrogénie clinique ou biologique; 2) une oligo et/ou anovulation; et/ou 3) des ovaires polykystiques vus par échographie transvaginale [2].
Au cours des 3 mois précédant l’étude, aucun des sujets sélectionnés n’a utilisé une forme quelconque d’hormones stéroïdiennes ou tout autre traitement susceptible d’affecter la fonction ovarienne, la sensibilité à l’insuline ou le profil lipidique. Des échantillons de sang ont été prélevés au début et à la fin de l’étude afin de déterminer les niveaux de testostérone et d’autres hormones androgènes. En effet, les femmes atteintes du SOPK produisent des quantités légèrement plus élevées de testostérone et d’autres hormones androgènes que la moyenne. Bien que ces hormones de reproduction soient généralement associées aux hommes, les femmes en ont aussi de petites quantités. Ces femmes ont également subi un test de tolérance au glucose par voie orale au début et à la fin de l’étude, visant à mesurer les facteurs de risque du diabète.
Lors de cette intervention, 1500 mg de resvératrol micronisé ou un placebo ont été administrés quotidiennement par voie orale. Le principal critère de jugement était la variation du taux d’hormones sériques total T, provenant des ovaires.
Résultats de l’étude
Le traitement au resvératrol a entraîné les changements impressionnants suivants :
- Une diminution significative de la testostérone totale T totale de 23,1% chez les femmes recevant le supplément de resvératrol. En comparaison, les taux de testostérone ont augmenté de 2,9% dans le groupe placebo.
- En parallèle, le resvératrol a induit une diminution de 22,2% du sulfate de déhydroépiandrostérone (DHES) dans le groupe resvératrol, tandis que le groupe placebo a enregistré une augmentation de 10,5% de son taux de DHEAS. Ce dernier représente un androgène faible présent dans le sang des femmes et des hommes, mais contrairement aux hommes, des concentrations élevées de cet androgène chez la femme, cause des symptômes d’aménorrhée et de virilisation.
- En plus de modérer les hormones androgènes, les femmes ayant reçu du resvératrol ont présenté une amélioration des facteurs de risque de diabète ; une diminution du niveau d’insuline à jeun de 31,8% et une augmentation de l’indice de sensibilité à l’insuline de 66,3% ont été observées [1].
Selon Antoni J. Duleba, MD, l’auteur principal de cette étude, le composé aurait des propriétés anti-inflammatoires. Il déclare : « Notre étude est le premier essai clinique à trouver que le resvératrol réduit de manière significative les taux de testostérone des patients atteints de SOPK, ainsi que le sulfate de déhydroépiandrostérone (DHEAS), une autre hormone que l’organisme peut convertir en testostérone ».
Il rajoute : « Les résultats suggèrent que le resvératrol peut améliorer la capacité du corps à utiliser l’insuline et potentiellement réduire le risque de développer un diabète ». Selon lui, ce complément pourrait assurément aider à diminuer le risque des problèmes métaboliques fréquents chez les femmes atteintes du SOPK.
Le resvératrol micronisé est plus avantageux et sûr que la metformine
L’intérêt pour l’utilisation de la metformine (un médicament diminuant les taux de l’insuline) dans le SOPK a augmenté quand on a compris que la résistance à l’insuline jouait un rôle important dans la physiopathologie de la maladie. Cependant, il n’est plus recommandé d’utiliser de la metformine en tant que traitement de première intention chez les femmes atteintes du SOPK. Cette dernière étant prescrite pour les patients atteints de diabète de type 2; son utilisation contre le prédiabète ou le SOPK n’est pas approuvée, bien qu’elle soit souvent prescrite pour le traitement de ces affections. En effet, des effets indésirables comme la diarrhée, les vomissements et les nausées peuvent survenir chez certaines personnes prenant ce composé [3]. Contrairement à la metformine, le resvératrol présente l’avantage de n’avoir induit aucun de ces effets secondaires.
Encore mieux, les femmes de cette étude prenant du resvératrol présentaient également une diminution du niveau d’insuline à jeun couplée à une augmentation de l’indice de sensibilité à l’insuline, comme nous l’avons cité dans les résultats de l’étude.
De plus, il a été constaté que le resvératrol micronisé fonctionne plus rapidement et mieux que d’autres formes de traitement pratiqués aux États-Unis, ce qui en fait l’une des meilleures alternatives pour le traitement du SOPK.
Références :
1- Beata Banaszewska, Joanna Wrotyńska-Barczyńska, Robert Z. Spaczynski, Leszek Pawelczyk, and Antoni J. Duleba, Effects of Resveratrol on Polycystic Ovary Syndrome: A Double-blind, Randomized, Placebo-controlled Trial, Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, doi: 10.1210 / jc.2016-1858
2- Rotterdam ESHRE/ASRM-Sponsored PCOS consensus workshop group. Revised 2003 consensus on diagnostic criteria and long-term health risks related to polycystic ovary syndrome (PCOS). Hum Reprod. 2004;19:41–47.
3- http://products.sanofi.ca/fr/glucophage.pdf